La situation dans le secteur des abattoirs devient de plus en plus préoccupante avec la baisse continue des cheptels, tant dans les filières bovine que porcine, ce qui entraîne une accélération des difficultés rencontrées par ces établissements. Les fermetures d’abattoirs se multiplient, marquant ainsi une crise profonde dans cette industrie.
En effet, alors que l’année 2023 a été marquée par la fermeture quasi mensuelle d’abattoirs, le rythme s’intensifie encore davantage cette année. Selon Yves Fantou, président de Culture Viande, le principal syndicat du secteur, deux abattoirs ferment chaque mois depuis le début de l’année. Cette tendance inquiétante témoigne des défis auxquels est confrontée l’industrie de la transformation de viande.
La principale cause de ces fermetures est la baisse des volumes à transformer. En l’espace de sept ans, la France a perdu près d’un million de vaches, et cette diminution du cheptel s’est encore accentuée de 5% en 2023. Cette situation est d’autant plus difficile à gérer que la consommation de viande bovine a également baissé de 3,7% l’année dernière. Cette tendance est notamment attribuée au recul de la consommation de steak haché frais au profit du surgelé, plus accessible et avec des volumes importés plus importants.
Bien que les prix payés aux producteurs aient augmenté de 40%, ce qui était nécessaire selon Yves Fantou, les abattoirs restent préoccupés par la baisse de leurs volumes d’exportation, en recul de 12%. De plus, les importations de viande bovine représentent près de 28% des volumes consommés en France, ce qui ajoute à la pression sur le secteur.
La filière porcine connaît également des difficultés similaires, avec une perte de 2 millions d’animaux en 2023 et une augmentation de 50% du cours de la viande. La consommation de viande de porc a également reculé de 3,5% en raison de la crise du pouvoir d’achat. Cette situation a conduit à la fermeture de 26 entreprises de charcuterie l’année dernière.
Face à ces défis, les abattoirs sont contraints de réorganiser leur activité, avec une planification souvent réduite à 4 jours au lieu de 5 et des transferts de volumes. Le plan abattoirs lancé par le Ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire en juillet 2023, doté de 50 millions d’euros, vise à aider à cette réorganisation en réalisant un diagnostic de chaque région et en identifiant les forces et les faiblesses de chaque outil.
Malgré ces mesures, les abattoirs de petite et moyenne taille demeurent les plus vulnérables. La baisse des volumes rend difficile la gestion de l’augmentation des coûts liés à l’électricité, au transport et à l’emballage. Ainsi, une réorganisation plus profonde du secteur semble inévitable pour faire face à cette crise.